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La taverne du Griffon Noir

Blog d'un passionné d'écriture

L'Hermite - Tome 1 : La malédiction du corbeau - Chapitre 3

 

Un bruit de sabots.

Suivi d’un hennissement sourd.

La lumière était revenue sur la place des Héros.

L’Etranger perçut distinctement devant la porte de la Taverne du Griffon Noir, son cheval.

Cela faisait un petit moment qu’il attendait là.

Comment connaissait il cette Taverne ?

Possédait il comme son propriétaire un talent extraordinaire pour déceler les choses impossibles à déceler pour le commun des mortels ?

Son cheval l’impressionnait chaque jour d’avantage.

Depuis une vingtaine d’années, il était de toutes les missions.

C’était en quelque sorte son ange gardien.

Bien souvent, son fidèle cheval l’avait sorti de nombreux mauvais pas et l’avait prévenu du danger autant de fois qu’il y eut de missions !

Ce n’était pas un hasard s’il s’était dirigé vers la Taverne du Griffon Noir de son plein gré.

Il avait flairé un danger.

Et le danger était là dans ces murs.

Mais pas seulement…

Il était également dehors…

Bien présent.

A quelques centaines de pas de lui, sur la place.

Son cheval était silencieux.

Il avait dû assimiler les comportements à adopter face au danger.

Simple effet de mimétisme.

En effet, quelques instants plus tard, un pas lourd raisonna sur les pavés de la place en marbre.

L’odorat finement aiguisé de l’Etranger avait perçu une odeur étrangère.

Pourtant ses missions l’avaient mené aux quatre coins de Feldarin.

Tout cela l’intriguait fortement.

La présence avait-elle masqué son odeur corporelle par quelque sortilège dont les Eredars avaient le secret ?

Cela était étrange.

Est-ce que cette présence avait-elle un rapport avec la brusque tempête qui avait plongé quelques instants la capitale dans le noir ?

Le pas lourd s’éloigna et la place reprit sa quiétude habituelle.

Cela devait être surement quelqu’un qui allait rejoindre une habitation dans le quartier des gnomes, pensa-t-il pour se rassurer.

Mais son intuition lui disait qu’il fallait qu’il se tienne sous ses gardes.

Héliopolis était une ville qui regorgeait de mystères, d’intrigues et de dangers, surtout pour quelqu’un de son espèce.

En effet, la Grande Guerre survenue cent quarante-quatre ans auparavant avait laissé de profondes blessures et un rien pouvait de nouveau allumer l’incendie et semer la mort et la destruction !

Personne à ce jour ne savait ce qui avait provoqué cette guerre terrible qui avait mis à feu et à sang les mondes unis de Feldarin qui étaient à l’époque que des nations indépendantes les unes des autres, soucieuses d’elles – mêmes et ivres de pouvoir et de domination.

Parmi toutes les histoires qui se racontaient sur les causes de la Grande Guerre, une semblait avoir la vie longue : celle que se plaisait à raconter l’aède Floki Gunisson à la Taverne du Griffon Noir.

Tout était parti d’une passion dangereuse que se vouaient deux êtres aux tempéraments, à l’histoire et aux nations diamétralement opposées.

La passion dévorante d’une des filles de la plus riche, de la plus ancienne, de la plus puissante des familles que comptait les douze mondes connus envers l’héritier d’une famille connue pour sa cruauté, son austérité et ses secrets.

C’était à un tournoi, par l’intermédiaire d’amis communs que les deux amants s’étaient rencontrés.

En effet ce jour-là, Mormégil Sherkim et Aleister Comyn scellèrent un pacte de sang durant lequel ils se vouèrent un amour éternel.

Et c’est bien cela qui allait provoquer leur perte.

Si les deux peuples s’unissaient, c’était la garantie d’une paix éternelle et une ère de prospérité sans précédent.

Mais ce n’était pas l’avis des patriarches des deux plus puissantes familles des mondes connus qui se vouaient depuis la nuit des temps, une haine indicible.

Personne ne connaissait la raison de cette brouille.

Personne n’avait cherché à savoir.

Hiram Sherkim et Azog Comyn étaient des personnages aussi fascinants que terrifiants et bien des histoires très sombres circulaient sur leur compte.

Etaient-ce peut-être parce que les deux familles descendaient des Varan, d’immenses dragons connus pour leur soif de sang et de destruction.

Bref, personne n’en savait rien.

C’est pourtant cela qui causa la perte des deux amants et qui précipita le monde dans la Grande Guerre.

Le mariage se fit en grande pompe à Héliopolis, dans la pyramide de Toth, en présence du Grand Hiérophante Tankred Helvinaqar, issu d’une vieille lignée de magiciens très respectée.

Quant ’au festin, ce fut bien sûr dans le palais Regulus, la citadelle des Sherkim, située sur les hauteurs d’Héliopolis.

On ne sut ce qui provoqua le carnage qui s’en suivit.

Avait-il été prémédité ?

Personne ne le sut.

La plupart des convives moururent dans d’atroces souffrances.

Pour ce qui est des survivants, ils rejoignirent la ville mais la plupart disparurent à jamais.

On retrouva leurs corps quelques jours plus tard, complétement vidés de leur sang et de leurs organes.

Le prince Aleister Comyn fut l’un d’eux.

Ce qui ne manqua pas de susciter des représailles de la part des Hommes de Theren qui prirent un malin plaisir à retrouver la trace de Mormégil Sherkim, de la violer et de l’assassiner de la plus effroyable des façons, un petit jeu dont les Hommes étaient particulièrement friands.

Les Maekirs entrainèrent avec eux les Nogai, les Nains, les Zahran, les Gnomes et les Pandaren tandis que les Hommes ramenèrent sous leurs bannières les Elfes de Sang, les Tauren, les Draenei, les Cirth et les Eredars.

Le jeu des alliances précipita le monde dans la Grande Guerre.

Une longue guerre de vingt-deux ans qui assécha les corps, les esprits, les vivres et les peuples et qui se solda par la paix d’Héliopolis qui plaça la capitale des Maekirs comme la capitale d’un monde nouveau : Feldarin.

Malgré sa cape sombre qui recouvrait entièrement son corps comme une veuve éplorée, ses longues oreilles d’elfe de sang allaient le trahir d’un moment à l’autre.

Il fallait qu’il soit prudent.

Pour une fois.

Ce n’était pas forcément sa qualité première.

C’est ce qu’on lui reprochait souvent et qui lui avait attiré par le passé de nombreux ennuis.

Même son gout immodéré du risque lui avait failli couter sa carrière d’enquêteur au sein de la prestigieuse Guilde des Hermites.

Ses profondes réflexions furent soudainement interrompues par un coup de sabot très bref dans les reins…

C’était Herumor, son fidèle destrier à la robe ébène qui se demandait ce que son maitre attendait pour franchir le seuil de la Taverne du Griffon Noir.

L’Hermite releva les yeux ébahis, se frotta quelques instants ses reins endoloris et appliqua ses mains dans la crinière neigeuse de l’animal.

- Tu as gagné Herumor pour cette fois … Mais il faut qu’on ouvre l’œil… Cette ville est très dangereuse pour des gens de notre espèce ! Nous y reposerons le temps nécessaire de comprendre ce qui ait advenu à notre frère d’armes Arun…

Après avoir jeté un dernier regard circulaire sur la Place des Héros, l’Elfe de Sang tourna la lourde poignée de fer de la Taverne du Griffon Noir et disparut à l’intérieur.

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