3 Mars 2024
Ce n’était pas commun pour un Eredar, isolé du monde de rencontrer une Zahran, qui de plus était une enquêtrice renommée dans tout Feldarin.
De nombreuses questions se bousculaient en pagaille dans son cerveau torturé.
Pourquoi la Gouverneure Supreme l’avait elle convoqué ?
Quelle était cette affaire d’importance qui défiait l’imagination ?
Herumor Shorvar sourit intérieurement.
Il savait se trouver patient.
Une trompette retentit.
Le commandant Eredar plissa ses yeux draconiques de surprise.
Qui pouvait se présenter à la citadelle à une pareille heure de la nuit ?
Sans un mot, il quitta son observatoire et regagna précipitamment le corps de gardes.
Un attroupement inhabituel s’était formé à proximité des immenses portes de la Citadelle de Morrink.
A sa vue, l’homme qui avait donné l’alerte, accourut vers lui.
Intrigué, le commandant Eredar toisa étrangement le lieutenant Arne Thorvar.
Son rapport indiquait d’excellents états de service, douze ans passés auprès de différentes puissantes familles du Consortium.
Un véritable homme de terrain et préparé aux pires situations.
Le lieutenant Arne Thorvar était connu pour avoir un talent de conteur incontestable et une image hyper fertile.
Le commandant Herumor Shorvar blêmit.
Le commandant Talan Ossar était un redoutable combattant, un personnage aussi charismatique que brillant.
C’était un explorateur de l’extrême, un investigateur de l’impossible, un chercheur passionné de l’occulte.
C’était pour ses raisons que l’Eredar lui avait confié une mission secrète de la plus haute importance.
Cela faisait une vingtaine de jours qu’ils étaient partis et personne n’avait eu de leurs nouvelles.
Le commandant Herumor Shorvar faillit défaillir.
Talan Ossar était un ami de longue date.
Si lui avait été massacré de la pire des manières, qui pouvait résister à ce monstre ?
Et disant ces mots, les deux Sentinelles partirent d’un bon pas vers la bibliothèque.
Sur une immense table de chêne, Talan Ossar reposait là, les yeux clos.
Un guérisseur Draenei, Ferragus Elzevan, tentait tant bien que mal de soigner les blessures tout en marmonnant des paroles rituelles dont lui seul avait le secret.
A la vue du commandant Herumor Shorvar, le mourant se releva difficilement.
Un éclat sauvage brulait dans ses prunelles à demi éteintes.
Le commandant Shorvar courut vers son ami et le serra fortement dans ses bras.
Ils restèrent là, ainsi enlacés, mêlant des larmes de joie de se revoir et de tristesse de se revoir dans de pareilles circonstances…
Puis le commandant Shorvar regarda étrangement son ami.
Des larmes ruisselaient sur son visage abimé par les épreuves et les années.
Talan Ossar haletait.
L’air commençait sérieusement à lui manquer.
Mais Talan Ossar n’était plus là pour lui répondre …
Il avait rejoint le royaume du Raehrian, là où les Dieux avaient élu leur demeure.
Un détail attira l’attention du commandant Eredar.
Un bijou finement ciselé.
Une chevalière qui comportait un symbole très mystérieux.
Un symbole qu’il n’avait jamais vu autre part.
Une rose dans le métal le plus cher de Feldarin, le rhodium.
Une rose dans un pentagramme d’argent incrusté de douze pierres précieuses.
Qu’est-ce que cela signifiait ?
Jamais en vingt ans d’amitié, son ami n’avait évoqué cette chevalière, ni une quelconque affiliation à une organisation ultra secrète.
C’était le lieutenant Arne Thorvar qui en constatant le teint blême de son chef, s’en inquiéta.
Et non pas sans raison.
Quelques instants plus tard, des coups violents martelèrent la porte où se trouvaient le maitre légiste, l’Hermite et la Gouverneure Supreme.
Intriguée et sous le coup de la colère pour être ainsi dérangée en pleine investigation, la Gouverneure Supreme se dirigea vers la porte.
De l’autre côté de la porte, un frémissement eut lieu puis une voix très grave répondit.
Intriguée, Elerinna Shaar hésita puis elle se résolut à ouvrir.
Une troupe d’une vingtaine de gardes en armures apparut dans l’embrasure de la porte.
Encadré par le commandant Herumor Shorvar.
Herumor Shorvar se signa, en posant un genou à terre, en signe de respect.
Il resta là, quelques instants, des minutes interminables pour l’Eredar avant que la Gouverneure Suprême lui toucha l’épaule.
Le commandant Herumor Shorvar hésita quelques instants, mal à l’aise.
Et disant ces mots, sous le regard interdit de la troupe amenée par le commandant Shorvar, elle quitta la pièce