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La taverne du Griffon Noir

Blog d'un passionné d'écriture

L'Hermite - Tome 1 : La malédiction du corbeau - Chapitre 20

 

Shanir Kiama regarda derrière elle.

Les lourdes portes d’entrée de la citadelle s’étaient fermées dans un craquement sinistre.

Désormais, l’Hermite était seule, livrée à elle-même et elle venait sous l’invitation de la Gouverneure suprême de la toute puissante guilde des Hermites pour une affaire des plus étranges et de la plus grande importance, sans plus de précisions.

Son intuition d’enquêtrice lui disait que son affaire allait s’avérer des plus complexes.

La Citadelle de Morrink se dressait devant lui, tel un phare dans une tempête en furie.

Du haut des remparts et des tours, les huit immenses statues de pierre couleur écarlate la contemplaient étrangement.

Un silence glacial s’était abattu sur la petite troupe menée par le commandant Herumor Shorvar.

On connaissait le mépris et la haine indicible des Eredars vis-à-vis des Zahran.

Peut-être que c’était pour cela que le commandant Eredar n’osait pas regarder l’Hermite.

La petite troupe s’avançait dans une immense allée bordée de colonnades sombres, sur lesquelles des inscriptions étranges étaient gravées.

Elle menait à un immense bâtiment qui tournoyait jusqu’à s’enfoncer profondément dans la roche.

Le commandant Shorvar fit un geste autoritaire de la main.

La petite troupe s’arrêta.

  • C’est ici que nous devons vous laisser lieutenant Kiama, appréciez votre séjour ici et faites signe à mes hommes si vous avez besoin de quoique ce soit.

L’Hermite fixa étrangement la troupe, interdite.

Pourquoi la troupe la laissait -elle ainsi, sans plus de précisions ?

Le peuple des Eredars était décidément des plus mystérieux.

Sans un mot de plus, Shanir Kiama sourit, en se tournant vers le commandant Shorvar.

  • Je vous remercie commandant pour votre accueil. Ne vous inquiétez pas, je retrouverai mon chemin !

Et disant ces mots, l’Hermite descendit de cheval et se dirigea vers le bâtiment à fortes enjambées.

La porte s’ouvrit à ce moment précis et une figure familière émergea sur le seuil de la porte.

Un visage anguleux encadré par une épaisse chevelure blanche comme les flocons de neige qui tombent en hiver, des prunelles noires d’un éclat sauvage, une mâchoire carrée dénotant une personnalité très affirmée.

L’Hermite écarquilla les yeux de surprise et vint de jeter en pleurant de joie dans les bras du vieillard.

  • Maitre Kragus Sirdir ? Vous ici ? Comment cela se fait que vous soyez ici, perdu dans le Nord ?

Le vieillard sourit.

  • Les voix de l’Univers sont impénétrables ma très chère Shanir ! C’est également sur ordre de la Gouverneuse Elerinna Shaar que je suis ici !
  • J’imagine que c’est la même affaire qui nous réunit ?
  • J’en ai bien peur …
  • Est-ce que vous pouvez m’en dire quelques mots ?

Le vieillard sourit et voulut répondre mais une voix très féminine et très autoritaire à la fois l’en empêcha.

  • Pas besoin lieutenant Kiama, je vais vous mettre au parfum moi-même !

Une fenêtre au quatrième étage du bâtiment venait de s’ouvrir avec fracas et le visage d’une femme aux traits draconiques apparut dans l’embrasure.

Sa chevelure noir ébène contrastait avec un visage très anguleux et d’une pâleur mortuaire.

Ses lèvres rouge sang étaient incroyablement minces et sa mâchoire très acérée dénotait une personnalité très affirmée et intraitable en affaires.

Ainsi donc cette femme était la Gouverneure Supreme !

L’Hermite baissa la tête, mortifiée.

Kragus Sirdir sourit en lui tenant la porte.

  • Allons, tu t’y habitueras !

L’Hermite sourit.

Sans un mot, tous deux s’engouffrèrent dans le bâtiment.

Dans l’ombre, le commandant Shorvar veillait.

Pendant ce temps, l’Hermite suivit du vieillard, enjambèrent quatre à quatre les marches de l’épais escalier de marbre rose qui tournait en colimaçons jusqu’ au sommet.

Quelques instants plus tard, ils se retrouvèrent devant une immense porte d’acajou, décorée de manière somptueuse et garnie de velours.

Deux gardes Eredar étaient là, figés telles des statues de pierre.

Un petit frémissement se fit entendre et la porte s’ouvrit doucement, laissant place à une salle immense, auréolée de lumière et de luxe.

Au fond de la salle, de dos, on pouvait apercevoir une très jeune femme à la cuirasse sombre, qui semblait être penchée attentivement sur quelque chose ou quelqu’un…

L’Hermite frissonna.

Etait-ce un cadavre que la Gouverneure Suprême regardait avec autant de minutie ?

Tant de questions commencèrent à affluer en pagaille dans le cerveau enfiévré de l’enquêtrice quand soudain la voix d’Elerinna Shaar la tira de sa profonde réflexion.

  • Vu que les présentations sont faites, il est temps de passer aux choses sérieuses !

L’Hermite se rapprocha, intriguée et ne put réprimer son horreur en constatant ce qu’elle avait devant les yeux !

C’était un Elfe de Sang ou du moins ce qu’il en restait …

Tout le corps avait été lacéré de la pire manière qui soit.

L’Hermite hocha la tête, pensive.

  • Notre affaire, je présume ?

La Gouverneure releva la tête, en souriant étrangement.

  • Excellente déduction lieutenant Kiama ! Il n’y a pas quelque chose qui vous échappe ?

L’Hermite se figea d’épouvante.

En y observant un peu plus attentivement, elle reconnut à sa grande surprise l’identité du corps qui se trouvait devant elle.

  • Commandant Arun Narmacil ! Mais comment cela se fait-il qu’il ait atterri ici ?

Elerinna Shaar hésita.

  • Comme les affaires sont des plus complexes, les corps des victimes sont transférés ici afin d’être étudiés plus attentivement. C’est ainsi que j’ai demandé de toute urgence les services de maitre Kragus Sirdir, une vieille connaissance à vous…

La Gouverneure Supreme avait visé juste.

Entre le vieux Draenei Kragus Sirdir et la jeune Shanir Kiama, s’était nouée une amitié indéfectible.

Le vieillard officiait comme maitre légiste à Héliopolis quand survint l’affaire Kiama.

Dégouté par la tournure que prenaient les événements et craignant pour sa vie, sans crier gare, il quitta Héliopolis pour s’exiler dans le Nord où il fut accueilli tout d’abord par les Hommes, en l’occurrence les familles Lokken, Comyn et Blackfyre puis enfin par les Helvinaqar où il avait élu domicile à la cour du Haut Prince Tankred.

Très ami avec le commandant Sindar Feanor, il avait fait la connaissance de Shanir alors qu’elle était encore une toute petite fille et depuis, lui avait servi lors des très nombreuses absences de Feanor, de mentor et de second père adoptif.

Les années d’apprentissage en tant qu’Hermite dans la citadelle de Vorroz avaient été des années riches en émotions, en rebondissements en tout genre et particulièrement traumatisantes mais au milieu de toutes ces épreuves, elle s’était toujours sentie aimée et soutenue par le vieux Draenei.

Elle lui vouait désormais une véritable admiration et une éternelle reconnaissance.

L’Hermite regarda de nouveau le cadavre.

Arun Narmacil était un « frère » pour le commandant Sindar Feanor.

Il venait souvent les visiter tous les deux et à chaque fois, venait les mains chargées de présents.

Il la prenait souvent sur ses genoux, en lui contant les histoires des divinités, du Raehrian, du Grand Architecte de l’Univers Niegil et de la Princesse du Temps Charin, de Mérian le dieu guérisseur, de Solkan le dieu du mystère ou encore d’Orun, le dieu de la mer, que les Cirth révéraient.

Sa voix grave la berçait et bien souvent, elle se laissait aller dans un profond sommeil.

D’une main tremblante, elle toucha du bout des doigts sa peau meurtrie et froide.

Elle sentait comme quelque chose de dur, plus dure que la peau sous la paume de ses mains.

Intriguée, elle se pencha de nouveau et fit le même constat.

A certains endroits du corps, la peau avait une texture particulière …

Comme…

L’Hermite se releva, figée par la surprise.

  • Gouverneure suprême, ce pourrait -il qu’il y ait une autre matière ?

Elerinna Shaar releva la tête, surprise.

  • Une autre matière ?

L’Hermite acquiesça, silencieusement.

  • Oui, Gouverneure, je ne veux pas trop m’avancer mais…
  • Mais ?
  • Je pense à du cuir … Comme si le commandant Narmacil aurait cousu quelque chose sur sa peau…
  • Expliquez ? Répliqua la Gouverneure Supreme, visiblement très intriguée par l’hypothèse qu’avançait la jeune Hermite.
  • Oui … Quelque chose qu’il voulait montrer à quelqu’un …
  • Mais ce n’est pas la seule chose que nous avons trouvé lieutenant Kiama ! Avec l’aide de maitre Sirdir, nous avons pu extraire quelque chose…
  • Ah ?
  • Oui, Shanir, la Gouverneure Supreme a raison. Dans la bouche du mort, nous avons trouvé ceci.

Et disant ces mots, le vieux Draenei tendit à l’Hermite intriguée, une chevalière finement ciselée sur laquelle des armoiries apparaissaient de manière très visible.

Shanir Kiama observa la chevalière.

Elle écarquilla les yeux de surprise.

Le bijou avait été confectionné dans l’or le plus pur et avait ciselé avec une précision qui dépassait l’enchantement.

Un tel bijou se vendait au minimum pour un milliard de shers et seulement quelques familles ultra puissantes et ultra riches pouvaient se l’offrir.

Son esprit commença à échafauder à la vitesse de l’éclair une myriade d’hypothèses.

Les armoiries l’intriguaient au plus haut point.

Même en ayant étudié attentivement les blasons des mille sept cent vingt-huit familles nobles de Feldarin, elle ne reconnaissait pas les armoiries gravées sur la chevalière.

Une pyramide or au-dessus de deux sabres écarlates entrecroisées sur un fond couleur ébène.

  • Alors, vos hypothèses, lieutenant Kiama ?
  • Ces armoiries sont pour ainsi dire mystérieuses … Jamais, au cours de mes enquetes et lors de mes études, je n’ai vu quelque chose de ressemblant !
  • Vous êtes sur de vous ?  
  • Absolument … Maitre Sirdir, serait-il possible de voir si c’est possible d’enlever la peau recouverte de tatouages mystérieux ?

Le maitre légiste hésita quelques instants, en fixant étrangement la Gouverneuse qui acquiesça silencieusement en souriant.

Il s’approcha alors du cadavre et muni d’instruments, commença par examiner la peau en question.

Effectivement, à certains endroits, elle paraissait plus épaisse.

Finalement, après quelques instants de mure réflexion, son stylet commença à creuser profondément la peau et au bout d’une demie – heure d’intensité, ce qu’ils cherchaient tous, apparut en pleine lumière, devant leurs yeux écarquillés de surprise…

Elerinna Shaar fut la première à sortir de son étonnement.

  • Mais c’est une véritable œuvre d’art ! Comment une œuvre d’art peut-elle se trouver comme cela, accrochée un cadavre ?
  • Si je puis me le permettre Gouverneure, le commandant Narmacil a certainement voulu indiquer quelque chose… Comme un morceau de puzzle !
  • Un puzzle ? Vous pensez sincèrement qu’il y a d’autres pièces ?
  • D’autres pièces et d’autres cadavres… A venir ou passés …
  • Vous vous imaginez lieutenant Kiama, ce que vous êtes en train de dire ?

L’Hermite acquiesça, parfaitement convaincue de sa théorie.

  • Et la carte ? Que représente-t-elle ?

L’Hermite scruta de nouveau la carte de peau qu’elle avait devant les yeux.

Au bout d’un moment, un détail attira son attention.

Intriguée, elle se rapprocha mais les lettres qu’elle voyait, étaient si minuscules qu’il lui fallut une loupe pour mieux déchiffrer ce qui était gravé.

L’émotion fut si grande qu’elle manqua de s’évanouir en déchiffrant ce qui était inscrit.

La Gouverneure s’en aperçut et s’en inquiéta.

  • Lieutenant Kiama ? Que se passe -t-il ? Vous vous sentez bien ?

L’Hermite, acquiesça, encore sous le choc.

  • Oui … Gouverneure … Mais vous n’allez jamais croire ce que je vais vous dire !
  • Quoi ?
  • C’est bien une œuvre d’art et l’auteur de cette œuvre est …
  • Oui ?
  • Constatez par vous -même Gouverneure !

Intriguée, Elerinna Shaar se rapprocha de la peau et munie de la loupe, la scruta attentivement.

Au bout de quelques minutes, elle aussi manqua de tomber à la renverse tellement l’émotion était forte.

  • Oh par Solkan tout puissant ! Comment est-ce possible ! Votre père ! Comment votre père a pu être mêlé à cette histoire ?
  • Je n’en sais rien mais j’aimerai bien le savoir !
  • Et comment s’appelle ce tableau alors ?

L’Hermite regarda attentivement et frissonna d’épouvante.

Le tableau portrait un titre bien mystérieux : «

Idahaatan ».

Cent quarante-quatre personnes, des hommes et des femmes à moitié nues, masquées et recouvertes de tatouages pour le moins énigmatiques étaient là.

Elles se tenaient là au milieu de ce qui s’apparentait à un sanctuaire en ruines.

Deux personnages différaient des autres par leur tenue.

Un portait une tunique rouge écarlate, un collier en or massif orné de douze pierres précieuses et une couronne de lauriers d'or sertie de diamants et de saphirs tandis que l'autre tenait une tenue sombre et portait un saï en or, orné de pierreries et à la lame de diamant.

  • Mon père était surement quelqu’un de mystérieux … En tout cas, ce tableau me semble des plus étranges !

Intrigués par les propos de l’Hermite, le vieux médecin légiste et la Gouverneure Supreme se penchèrent sur la toile et ne purent s’empêcher de grimacer de surprise.

  • Mais qu’est-ce que ce charabia ésotérique ? Répliqua Elerinna Shaar, encore sous le choc.
  • Encore un mystère mais qui a mené notre pauvre commandant Narmacil vers une mort certaine !

A ce moment précis, des coups violents retentirent contre la porte de la salle.

 

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