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La taverne du Griffon Noir

Blog d'un passionné d'écriture

L'Hermite- Tome 1: La malédiction du corbeau- Chapitre 12

 

A l’évocation de ce nom, le visage du commandant Sindar Feanor se figea d’épouvante.

 - Adonaï Kiama ?

La Guérisseuse acquiesça.

Vingt- deux ans que ce cauchemar le hantait jour et nuit, vingt-deux ans que les fantômes du passé attendaient patiemment leur heure, vingt-deux ans qu’il tentait d’oublier.

L’aura étincelante comme un diamant brut qui brillait de mille feux du commandant Sindar Feanor, le meilleur enquêteur des douze mondes connus de Feldarin avait failli s’éteindre en un souffle, happé par cette enquête tortueux et extrêmement complexe qui avait bien failli lui couter la raison, la vie et même sa réputation.

C’était un passant qui avait signalé le drame.

Sur l’immense route pavée de marbre rose qui longeait les douze mondes de Feldarin et qui menait directement à Héliopolis, dans la foret d’Idahaatan, un massacre ignoble et innommable avait eu lieu.

Douze corps éventrés, déchiquetés, à moitié calcinés, démembrés se trouvaient là.

Des flaques de sang mêlées à d’autres substances organiques ornaient le sol et lui donnaient des teintes tirant à la fois sur le pourpre, l’or ou l’émeraude.

Les corps avaient été marqués par des inscriptions mystérieuses, un charabia incompréhensible gravé au fer rouge par un illuminé surement.

Qui avait été capable d’une telle cruauté ?

Les Hommes ou les Cirth étaient réputés pour des monstres inhumains mais à ce point, cela dépassait tout bonnement l’entendement !

Au milieu de ce champ de mort pourtant, subsistait un maigre espoir.

D’un douzième corps, une main minuscule s’était agitée.

C’était la main d’une petite fille de quatre ans, couverte de sang, de cendres, de larmes et de boue qui s’était agitée.

L’enquêteur aguerri ne put s’empêcher de fondre devant cette minuscule œuvre d’art de la nature.

Elle portait autour du coup, un pendentif sur lequel était gravé le prénom de Shanir.

De nombreuses questions agitaient l’enquêteur : qu’avait-elle vu ? Pouvait-elle reconnaitre le monstre qui avait fait cela ?

Pourtant, il savait que ces questions ne comptaient pas.

Seule la réalité comptait.

Et cette réalité était qu’elle avait besoin d’amour.

Le reste importait peu.

Adonaï Kiama était un artiste puissant, extrêmement riche, il connaissait les moindres petits secrets de la Haute Société d’Héliopolis et aurait pu avec les années s’attirer des ennemis redoutables, jaloux de son talent et de son influence.

L’enquête qui s’en suivit fut extrêmement complexe tant les protagonistes étaient nombreux.

 Tout le monde connaissait de près ou de loin à Feldarin Adonaï Kiama.

L’enquête fut abandonnée faute de pistes et de preuves valables et tangibles pour inculper qui que ce soit.

L’opinion publique si changeante et si admirative des exploits et de la perspicacité du commandant Sindar Feanor, se détourna bien vite de lui et dans toutes les tavernes de

Feldarin, des chansons étaient chantées pour célébrer les aventures du plus idiot des enquêteurs qui avait voulu être aussi gros que le bœuf alors qu’il n’était qu’un vulgaire crapaud.

Les années suivantes furent une véritable traversée du désert pour Sindar Feanor qui s’était retiré du monde pour s’occuper de la prunelle de ses yeux, Shanir Kiama.

Huit ans s’écoulèrent ainsi et quand Shanir eut douze ans, à l’issu de « l’Examen de

Conscience », elle intégra la sinistre citadelle écarlate de Vorroz, dans les montagnes inhospitalières de Vadok, dans le territoire des Hommes de Theren.

Depuis cette époque, ils ne s’étaient plus vus.

Mais l’Hermite avait suivi de ses montagnes perdues les premiers pas de sa pupille dans le monde très fermé de l’investigation.

Il la suivait désormais dans l’ombre.

Puis il y eut cette affaire Helvinaqar, une sombre affaire de sorcellerie et de crimes rituels particulièrement horribles qui le remit en selle.

Falan Helvinaqar était le digne représentant de l’une des plus anciennes familles Eredars de Feldarin quand il fut retrouvé nu et éventré dans le sanctuaire de Solkan à Héliopolis.

Un véritable serpent de mer qui causa un fort embarras pour toute la Cour d’Héliopolis mais qui fut dénouée malgré tout grâce au talent indéniable du commandant Sindar Feanor qui au fil d’une enquête extrêmement fouillée mit la main sur l’une des femmes les plus puissantes de la Cour Malvyna Kryth, une maitresse éconduite, très jalouse et très versée dans l’occultisme.

Une affaire singulière qui redonna au commandant Sindar Feanor ses lettres de noblesse et lui redonna par ce biais en guise de récompense accès à la Haute Société de Feldarin et assit de nouveau son aura d’enquêteur chevronné.

Virani Narmacil sourit.

Elle avait atteint la corde sensible du commandant Feanor et comme toute femme qui se respecte, elle était douée de cette analyse très fine et aiguisée des personnes si bien qu’elle pouvait blesser avec délicatesse un homme sans pour autant le détruire totalement.

Les années avaient passé et désormais l’enquêteur était là dans un lit menotté et couvert de bandelettes à la merci d’une Guérisseuse qui savait habilement jouer.

Cette dernière avait fini par se lasser de son petit jeu.

Elle avait repris son air calme, paisible, inébranlable face aux tempêtes.

L’Hermite observa désormais attentivement la toile de maitre : c’était la perfection même.

Les coloris avaient été choisis avec le plus grand soin, les couleurs ressortaient avec une vivacité qui laissait croire à un instantané.

Le cadre était idyllique, le paysage merveilleux, la saison estivale.

La propriété était imposante, un vaste palais aux teintes pourpre, azur, or et émeraude et aux courbes d’un rococo flamboyant au milieu d’un parc immense orné de parterres de roses, d’un verger gorgé de fruits, d’un lac aux eaux poissonneuses.

Au milieu de ce parc, se tenait une femme.

Non pas une femme, une muse.

Une légende parmi les légendes qui posait dans le plus simple appareil.

A quelques pas, se tenait quelqu’un d’autre…

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