L'Hermite - Tome 1 : La Malédiction du Corbeau- Chapitre 9

Soudain, un carreau d’arbalète jaillit de la fenêtre ouverte.

 Il atteignit l’Hermite au bras.

Qui avait tiré ?

Même dans la troupe, personne ne le savait.

Quelqu’un d’autre était à la recherche de Sindar Feanor et quelqu’un d’autre était bien décidé à en finir avec lui.

Ainsi donc, plusieurs tueurs avaient été envoyés.

A la vue de cette blessure, la troupe se sentit pousser des ailes !

Un Cirth lui enfonça dans les cotes son poignard avant de tomber dans une mare de sang, éventré par la dague de l’Hermite.

Sindar Feanor sentit sa vue se brouiller.

Non, ce n’était pas possible !

Lui, la légende de l’investigation, l’enquêteur le plus chevronné de tout Feldarin, ne devait pas mourir là, seul, comme un chien, dans un pays ennemi, à des milliers de lieues de chez lui !

Ce n’était pas ce qu’il avait prévu.

Il se voyait rejoindre l’Eldarion, cette contrée si paisible où il allait se reposer éternellement au milieu de nymphes et dans une plénitude absolue.

La troupe lui faisait face telle une troupe de hyènes affamés.

Elle allait se jeter à sa gorge, le dépecer, le mettre en pièces, faire de lui une masse informe, méconnaissable, une bouillie de chair, d’os et de sang quand une voix métallique se fit entendre…

- Il suffit ! Il est à moi désormais !

Un voulut protester mais en un instant, il s’effondra face contre terre, complètement calciné.

Qui était ce personnage qui avait le pouvoir de tuer en un tour de main un valeureux guerrier comme ce fier Zaor Wizna, le pire Assassin Cirth qu’on pouvait trouver à Feldarin ?

Un personnage monstrueux qui avait donné bien du fil à retordre au commandant elfique.

Les autres ne demandèrent pas leur reste.

Ils déguerpirent prestement.

Sindar Feanor observa l’Etranger.

Il semblait être irréel.

Une créature venue d’un autre monde tellement sa stature était imposante.

Son corps n’était qu’une œuvre d’art, couverte de tatouages tout aussi mystérieux les uns que les autres.

Ses prunelles sombres semblaient à la fois vides d’expression et en même temps emplies de vengeance, de haine et de cruauté.

Elles brillaient dans l’obscurité comme autant de charbons ardents, issus du monde du sulfureux Abaddon.

Il portait une cape sombre, une cuirasse noir ébène et des bottes à éperons tout aussi assorties.

Il se pencha sur l’Hermite qui agonisait.

Son souffle chaud sentait le souffre et la mort.

Sa langue râpeuse, étonnement longue, caressa la joue gauche de l’Hermite, sillonnée d’un méchant coup de lame.

L’Elfe de Sang voyait à présent son visage.

Il en frémissait d’horreur tellement que la face qui se présentait à lui ne ressemblait en rien à ce qu’il avait pu imaginer de pire dans sa vie.

La Créature sourit férocement.

Ses mains gantées hérissés d’ongles d’acier déchiraient lentement la peau de l’Hermite qui se retenait de hurler tellement les caresses que lui prodiguait ce monstre étaient des brulures qui le consumaient intérieurement.

    - Alors commandant Sindar Feanor, qu’est-ce que cela fait de me revoir après tant d’années ?

Et disant ces mots, la Créature partit dans un long rire guttural.

L’Hermite resta quelques instants, muet de stupeur.

Qui était ce monstre et comment connaissait il son nom ?

Sa blessure devenait de plus en plus insoutenable.

Cependant, il rassembla les dernières forces qui lui restaient pour lui répondre.

- Mais qui êtes -vous ?

La Créature ne répondit pas…

Ses mains gantées d’acier caressaient à nouveau la nuque de l’Hermite puis brusquement elles s’arrêtèrent.

Comme si la Créature avait perçu une présence.

L’Hermite eut juste le temps de voir une Ombre puis plus rien…

Il avait sombré dans le néant.